Listes des cycles épiques de la Grèce
ancienne
Les cycles épiques de l'Antiquité, en premier lieu ceux de la Grèce
ancienne, sont les (très lointains) inspirateurs des cycles
romanesques contemporains de SF et surtout de fantasy. Il est
possible au lecteur actuel de les lire comme on lirait aujourd'hui
un cycle de fantasy : la boutade est moins osée qu'elle n'en a l'air,
ce programme de lecture en est la preuve. Les multiples oeuvres à
sujet mythologique,
gravitant pour la plupart autour d'Homère (lequel - toutes proportions
gardées - est un peu aux auteurs
antiques ce que Tolkien est à la fantasy) forment un corpus d'une
richesse rare et inégalée, dont se dégage une impression de cohérence
certaine, même si les variantes de détail sont extrêmement
fréquentes.
Les sujets mythologiques et les oeuvres qui y correspondent sont
présentées dans l'ordre de la chronologie de l'âge héroïque grec.
Toutefois, pour découvrir le monde de l'épopée, le mieux est de
commencer par les deux meilleures : celles d'Homère ! Pour la
tragédie, les goûts peuvent varier - personnellement, pour quelqu'un
qui n'est pas familier avec la tragédie antique, je conseillerais de
commencer par Sophocle (Oedipe roi, par exemple) avant de passer à
Eschyle (un peu vieilli, non ?) et à Euripide (redoutablement
moderne).
(Rappel élémentaire concernant les tragédies : 1. Une tragédie
peut être
intéressante
à lire. 2. Une tragédie ne se termine pas toujours mal. 3.
Une histoire qui se termine mal peut être intéressante à
lire.)
Aux cycles épiques et aux tragédies qui en reprennent les sujets,
j'ai ajouté les oeuvres à sujet mythologique les plus connues de la
littérature grecque ancienne, même si elles ne s'intègrent pas à un
"cycle" à proprement parler (c'est-à-dire un ensemble de poèmes épiques
consacrés à un même sujet et ayant fait l'objet d'une tradition
orale). Il est ainsi possible de lire l'histoire du monde grec, de
la création du monde à la fin de l'âge héroïque, comme une seule
saga foisonnante.
Cycle complet* - VO et VF ! - en bibliothèque Lettres, au 1er
étage.
(*Dans la mesure des documents qui nous sont parvenus...)
La création du monde
Hésiode - "Théogonie" (trouvable en traduction seule en
édition
de poche ; veiller à prendre une édition pourvue d'un bon appareil
de notes) - peut-être pas le plus accessible des poèmes
à sujet mythologique, mais l'un des plus foisonnants, la "Théogonie"
raconte la naissance des dieux grecs et leurs luttes pour le
pouvoir, depuis le Chaos primordial jusqu'à l'accession de Zeus au
trône de l'Olympe. Mais ce n'est pas tout : le poème raconte
aussi au passage toutes sortes d'histoire, comme celle de Prométhée le
voleur de feu et de Pandore, et explique les origines de nombreux
personnages de la mythologie, y compris les monstres comme Cerbère
ou le Sphinx. Toutefois certains épisodes restent dans l'ombre, tel
l'affrontement des dieux et des géants, qu'Hésiode n'inclut pas dans
son poème (mais l'amateur de grand spectacle n'est pas déçu,
avec
l'affrontement apocalyptique de Zeus et de Typhon !), ou la
création de l'homme, qui n'est pas expliquée en détail
(contrairement à celle de la femme).
Les Argonautes
Apollonios de Rhodes - "Les Argonautiques" (malheureusement
pas si facile à trouver, disponible essentiellement en Budé -
3 tomes chers, trouvez-le d'occasion ou empruntez-le en bibliothèque ! -
ou en collection anglaise Loebb
; je ne connais pas à l'heure actuelle d'édition en traduction
seule) - racontent le voyage des Argonautes lancés dans la quête
de la Toison d'or, et la rencontre entre Jason et Médée. - Oeuvre plus
récente que les épopées homériques et que
les tragédies classiques, puisque composée au IIIème s. av. J.C.,
cette épopée en quatre chants n'a pourtant pas grand-chose à envier
à Homère, dont elle reprend le style. Cependant, Apollonios a
visiblement quitté le temps des combats brutaux de l'Iliade : il
s'intéresse davantage au thème du voyage merveilleux et aux
sentiments des personnages.
Euripide - "Médée" (disponible dans toutes les éditions des
oeuvres complètes d'Euripide) - après l'épique, le tragique :
quelques
années après le succès de la quête des Argonautes, nous retrouvons
Jason et Médée à Corinthe, devenus mari et femme. Mais Jason, au
mépris de toute reconnaissance envers la sorcière qui l'a aidé à
accomplir sa quête, répudie Médée avec l'ambition d'épouser la
princesse Glaukè, fille du roi Créon. Mais on ne répudie pas si
facilement une magicienne, et Médée prépare sa vengeance...
Héraclès
Figure du héros par excellence dans la mythologie grecque, Héraclès
a fait l'objet de multiples histoires, au point d'être rattaché à
toutes sortes de mythes dont il ne faisait pas partie au départ.
Comme toujours en mythologie, il ne faut pas espérer dresser une
chronologie précise de ses exploits, ni même leur imposer une
cohérence qu'ils ne cherchent pas à avoir.
Aucune oeuvre majeure (hors des résumés de mythographes) ne présente
une vie d'Héraclès, et ses exploits les plus fameux, les douze
travaux, sont la plupart du temps mentionnés sous forme d'allusions.
Ce n'est pas plus mal, parce que les oeuvres que nous avons
conservés mettent en scène d'autres épisodes de la vie d'Héraclès,
moins connus, peut-être, mais tout aussi intéressants.
Euripide - "Alceste" (trouvable dans les éditions des oeuvres
d'Euripide) - Héraclès n'est en apparence qu'un personnage
secondaire de cette pièce, dont les personnages principaux sont
Admète, roi de Phères en Thessalie, à qui les dieux ont accordé
d'échapper à la mort si quelqu'un se proposait pour mourir à sa
place, et Alceste, l'admirable et courageuse épouse d'Admète, qui...
vous avez deviné. C'est
bien sûr Héraclès (alors en chemin pour accomplir l'un de ses travaux,
le dressage des cavales de Diomède) qui viendra en secours aux époux
malheureux, dans
une étrange "tragédie heureuse" dont certains passages, jugés
curieusement proches du ton de la comédie, n'ont pas fini de
déchaîner les passions des commentateurs.
Euripide - "La folie d'Héraclès" (trouvable dans les
éditions des oeuvres d'Euripide) - A Thèbes, c'est le cauchemar.
Héraclès est descendu aux Enfers pour en ramener Cerbère, et pendant
son absence, un tyran fantoche, Lycos, s'est emparé du pouvoir. Le
choeur des vieillards chante les prouesses du héros et espère son
retour avec ferveur. Héraclès revient, tue le tyran et rétablit
l'ordre. Mais peut-il protéger les autres contre lui-même ?
Sophocle - "Les Trachiniennes" (trouvable dans les
éditions des oeuvres de Sophocle) - Dans la cité de
Trachis, Déjanire, femme d'Héraclès, attend avec anxiété le retour
de son mari, en compagnie de leur fils Hyllos. Mais lorsqu'elle
apprend enfin la nouvelle de son retour, c'est pour se rendre compte
qu'Héraclès l'a délaissée et va revenir en compagnie d'une autre femme,
Iole, avec l'intention d'en faire... sa seconde épouse. Désespérée,
Déjanire songe alors à un subterfuge possible pour regagner l'amour
d'Héraclès : lui faire enfiler la tunique trempée dans le sang du
centaure Nessos, dont Héraclès l'avait sauvée ; à en croire ce que lui a
dit le centaure avant de mourir, un vêtement trempé dans ce sang
agira comme un puissant philtre d'amour sur celui qui le portera.
Mais est-ce bien raisonnable de faire confiance à un centaure ? En
croyant retrouver Héraclès, Déjanire va provoquer sa perte.
Le Cycle thébain
Moins connu sous sa forme épique que le cycle de la guerre de Troie,
le cycle thébain rassemblait les légendes liées à la ville de
Thèbes. Il semble se situer avant la guerre de Troie dans la
chronologie grossière de l'âge héroïque grec (du moins si on ne
cherche pas des puces à l'article "Thèbes" du Dictionnaire de
l'Antiquité d'Oxford).
L'épopée thébaine, la Thébaïde, ne nous est pas parvenue,
mais de nombreuses (et fameuses) tragédies reprennent pour sujet les
épisodes successifs de l'histoire et permettent de se faire une
idée de son ampleur.
Sophocle - Oedipe roi (trouvable dans les éditions
des oeuvres de Sophocle ; nombreuses éditions de cette pièce seule, en
traduction
seule et en poche) - C'est la partie la plus connue du cycle
thébain, grâce à Sophocle et Freud : le parricide et l'inceste, punis
par l'aveuglement
volontaire. La tragédie se présente presque comme une enquête :
Oedipe a vaincu le Sphinx et devenu roi, il a épousé Jocaste, il en
a eu quatre enfants, deux fils, Eteocle et Polynice, et deux filles,
Antigone et Ismène. Mais un fléau mystérieux ravage Thèbes. Oedipe,
en roi (trop) fier et (trop) sûr de lui, mène l'enquête, déterminé à
sauver son peuple et sa ville. Mais sa recherche de la vérité va se
retourner contre lui, et changer tous les signes de son apparent
bonheur en crimes monstrueux.
Sophocle - Oedipe à Colone (trouvables dans toutes
les éditions des oeuvres de Sophocle) - Après la révélation de
son destin atroce, Oedipe a quitté Thèbes et est parti en exil,
guidé par sa fidèle fille Antigone. Tous deux parviennent au
sanctuaire de Colone, non loin d'Athènes, d'où ils supplient le roi
Thésée de les accueillir dans sa ville. Pour convaincre Thésée,
Oedipe lui offre tout ce qui lui reste : son propre corps, qui, mort
et enseveli dans Athènes, la protègera à jamais du malheur. Mais
Créon, frère de Jocaste, voit d'un mauvais oeil les errances
d'Oedipe, étalant au grand jour la honte de sa cité. Créon
parviendra-t-il à reprendre Oedipe et à le remmener de force dans une
Thèbes déjà déchirée par la lutte pour le pouvoir entre les deux
successeurs d'Oedipe, Etéocle et Polynice ?
Eschyle - Les Sept contre Thèbes (trouvable dans les
éditions des oeuvres d'Eschyle)
/ Euripide, Les Phéniciennes (trouvable dans les éditions
des oeuvres d'Euripide)
Après l'exil d'Oedipe, ses deux fils, Etéocle et Polynice, prétendent
tous les deux hériter du trône de Thèbes. Un premier accord décide que
chacun d'eux règnera un an alternativement. Polynice part donc en exil
volontaire tandis qu'Etéocle devient roi pour un
an. Lorsque Polynice revient et réclame le trône, Etéocle refuse
de le lui céder. Polynice quitte alors Thèbes, et
entreprend de rassembler une armée dans le Péloponnèse pour partir à la
reconquête de sa
propre cité. A la tête de cette armée, sept héros illustres, sept chefs
qui assiègeront les sept portes de Thèbes. La tragédie d'Eschyle,
sans conteste la plus "épique", montre la guerre du point de vue
d'Etéocle, qui prend en charge la défense de sa cité. La tragédie
d'Euripide, plus nuancée, renvoie les deux frères dos à dos dans une
égale démesure meurtrière, malgré les vains efforts de la vieille
Jocaste (qui a survécu à la révélation de l'inceste dans cette version
du mythe).
Sophocle - Antigone (trouvable dans toutes les
éditions des oeuvres complètes de Sophocle) - Thèbes a triomphé
de l'armée des sept chefs. Etéocle et Polynice sont morts. Créon, à
présent roi de Thèbes, refuse la sépulture au cadavre de
Polynice, qui s'en est pris à sa propre cité au mépris de toutes
les lois. Mais Antigone, soeur d'Etéocle et de Polynice, refuse de voir
l'un de ses frères privé de funérailles, au nom des devoirs dûs à tous
les morts en vertu de la loi divine. En enterrant Polynice malgré
l'interdiction de Créon, elle défie son autorité. Lequel d'entre eux
est pieux, lequel impie, lequel orgueilleux, lequel juste ?
La suite le montrera.
Euripide - Les Suppliantes (trouvable dans les éditions des
oeuvres complètes d'Euripide) - Les sept chef de l'armée lancée
contre Thèbes ont été vaincus. Tous ont péri, sauf un : Adraste, le
roi d'Argos. Adraste demande à Créon de restituer à Argos les corps
des guerriers morts devant Thèbes, comme le veut la loi divine après
une guerre, afin qu'ils puissent être enterrés. Créon refuse. En
désespoir de cause, Adraste, accompagné des mères des victimes de la
guerre, va supplier le roi d'Athènes, Thésée, de l'aider à obtenir
la restitution des corps.
Le dernier épisode du cycle n'est connu par aucune oeuvre majeure.
C'est celui des Epigones, les fils des Sept chefs partis en
guerre
contre Thèbes, qui, dix ans après la défaite de leurs pères,
assiègent de nouveau la cité - et parviennent à la prendre. Le récit
complet n'est connu que par les mythographes, mais on y trouve des
allusions chez Homère : dans l'Iliade, IV, 404-411, Sthénélos, fils
de Capanée, l'un des Sept, évoque cet épisode pour rappeler à
Agamemnon qu'il n'est pas un lâche. C'est aussi au moment de
l'expédition des Epigones que la traîtresse du cycle thébain,
Eriphyle, soeur d'Adraste et épouse d'Amphiaraos, qu'elle avait
forcé à participer à l'expédition des Sept après avoir été corrompue
par Polynice (qui lui avait fait présent d'un bijou fabuleux, le collier
d'Harmonie, pour influencer son jugement), reçoit son juste
châtiment (c'était le sujet d'une tragédie perdue de Sophocle,
"Eriphyle").
Le Cycle de Troie
Sans doute le plus fameux de tous les cycles épiques. Les deux
épopées d'Homère, l'Iliade et l'Odyssée, s'inséraient au départ dans
un ensemble d'épopées racontant l'ensemble de la guerre et de ses
conséquences, que l'on appelait le Cycle troyen.
Le Cycle troyen originel se composait des épopées suivantes :
- Les Chants cypriens (Cypris étant un autre nom d'Aphrodite)
racontaient la rencontre entre Pâris et Hélène, l'enlèvement de
celle-ci et les neuf premières années du siège de Troie (racontées
assez vite).
- L'Iliade, qui raconte la colère d'Achille, s'étend sur trois
jours
pendant
la
neuvième année de siège.
- L'Ethiopide, prenant la suite directe de l'Iliade, raconte
l'arrivée
de nouveaux alliés venus soutenir les Troyens : les combats des
Amazones, dirigés
par la reine Penthésilée, puis les prouesses de Memnon à la tête des
Ethiopiens (d'où le titre), et la mort d'Achille au pied des
murailles de Troie. Tout semble aller mal pour les Achéens...
- La Petite Iliade s'ouvre sur le jugement pour l'attribution des
armes d'Achille au plus valeureux des héros achéens, puis détaille
la suite des combats, où Achille est remplacé par son fils,
Néoptolème, et enfin la ruse des Achéens, la construction du cheval
de Troie et la victoire apparente des Troyens, qui célèbrent de
grandes réjouissances et font entrer le cheval dans leur ville...
- La Prise de Troie raconte le sac de la ville par les
Achéens vainqueurs.
- Les Retours racontait les retours chez eux des héros
achéens, sauf celui d'Ulysse...
- ...détaillé dans L'Odyssée.
- la Télégonie formait une suite à l'Odyssée, centrée sur le
personnage de Télégonos, fils d'Ulysse et frère de Télémaque, et
racontait les aventures d'Ulysse jusqu'à sa mort.
La plupart de ces épopées,
malheureusement, ne nous sont pas parvenues (car jugées de qualité
inférieure à celles d'Homère), mais nous connaissons tout de même
l'histoire complète grâce, d'un côté, à des compilations faites par
des auteurs plus récents (Quintus de Smyrne), et, de l'autre, aux
tragédies dont les sujets reprennent l'intrigue de la guerre et de
ses suites. Les titres des poèmes du Cycle sont repris ci-dessous
afin d'indiquer grosso modo des catégories chronologiques.
N.B. : Outre les titres cités ci-dessous, voyez aussi
l'anthologie Mourir pour Troie (à
la cote "Anthologies", en Omnibus), qui regroupe les tragédies
grecques ayant un rapport avec la guerre de Troie dans l'ordre
chronologique des événements de la guerre. A croire que les gens
d'Omnibus se sont inspirés de ma liste ^^
Les Chants cypriens
Euripide - "Iphigénie à Aulis" (trouvable dans toutes les
éditions
des
oeuvres d'Euripide) - Pâris a enlevé Hélène ; Agamemnon,
répondant aux réclamations de son frère Ménélas, rassemble une
gigantesque armée pour reconquérir la belle. C'est la guerre !
Encore faut-il atteindre les rivages de la lointaine Troie. Mais
lorsque la flotte achéenne, rassemblée à Aulis, se prépare à hisser
les voiles, le vent tombe, calme plat, impossible de partir. Le
responsable ? Agamemnon en personne. Les dieux, en compensation de
l'orgueil excessif dont il a fait preuve, réclament la vie de sa
fille, Iphigénie. Embarrassé, Agamemnon attire Iphigénie à Aulis en
lui faisant croire qu'elle va épouser le grand Achille. Mais les
choses, bien sûr, ne vont pas se passer si facilement... La flotte
achéenne est-elle condamnée à rester au port sans même pouvoir
partir pour la guerre ?
L'Iliade
Homère, "L'Iliade" (disponible à peu près partout) -
raconte
trois
jours de la neuvième année de la
guerre, pendant lesquels a lieu la colère d'Achille. Les Achéens,
dirigés par Agamemnon, galvanisés par les prouesses d'Achille,
assiègent les Troyens, menés par Hector, le plus fameux des cinquante
fils du roi Priam. Mais pour avoir provoqué la
colère d'Achille, Agamemnon prive l'armée achéenne de son plus grand
héros. Tandis que le combat fait rage et que les dieux eux-mêmes
descendent sur le champ de bataille d'un côté ou de l'autre, Hector
ne semble plus connaître de rival et menace de repousser les Achéens
jusque dans leurs navires, tandis qu'Achille, inflexible, refuse de
combattre. Que faudra-t-il pour que le plus grand héros de l'armée
achéenne se décide à reprendre les armes ? Et même alors, ne
sera-t-il pas trop tard ?
Après l'Iliade
Quintus de Smyrne - "La Suite d'Homère" (disponible en Budé
ou, à
moindre prix, en collection anglaise Loebb - attention, traduction
chantournée et bonne connaissance de
l'anglais requise !) - raconte la suite de la guerre de Troie là
où Homère l'a laissée, jusqu'au cheval de Troie et à la chute de la
ville, en passant par de nombreux épisodes parfois injustement
inconnus, comme l'affrontement entre Achille et la reine des
Amazone, Penthésilée. La Suite d'Homère couvre donc les événements
de "l'Ethiopide", de la "Petite Iliade" et de la "Prise de Troie".
Deux autres résumés complets de la guerre de Troie, moins connus et
s'éloignant d'Homère sur beaucoup de détails, nous
sont parvenus en grec : "L'Ephéméride de la guerre de Troie" de
Dictys
de Crète et l' "Histoire de la destruction de Troie" de Darès le
Phrygien. Tous deux racontent l'ensemble de la guerre, le premier en
partant de la malédiction de la famille d'Atrée (père d'Agamemnon
et de Ménélas) et jusqu'à la mort d'Ulysse après les retours de tous
les héros chez eux, le second en remontant à
la quête des Argonautes et aux premières expéditions contre Troie,
jusqu'au départ de la flotte achéenne après la prise de la ville et
l'exil d'Enée (cf plus bas "L'Enéide"). Ces deux récits se trouvent
dans Récits inédits sur la guerre de Troie, traductions et
commentaires de Gérard Fry, Les Belles Lettres, coll. "La Roue à
livres", 2004.
La Petite Iliade
Sophocle - "Ajax" (trouvable dans toutes les éditions des
oeuvres de
Sophocle) - raconte un épisode de la guerre de Troie situé
chronologiquement pendant la "Petite Iliade". A la mort d'Achille,
les Achéens se posent la question de savoir à qui doivent revenir
ses armes. Ajax semble le héros le plus digne de cet héritage, mais
Ulysse, assisté par Athéna, emporte finalement le prix. La jalousie
d'Ajax, punie par la déesse, le fait sombrer dans la folie...
Sophocle - "Philoctète" (trouvable dans toutes les
éditions des oeuvres de Sophocle) - autre épisode de la "Petite
Iliade". Le siège de Troie s'éternise et les Achéens, après la mort
d'Achille, se trouvent en fâcheuse posture. Un seul héros peut encore
les aider à prendre Troie : Philoctète, l'archer infaillible, porteur de
l'arc d'Héraclès, dont les flèches ont été trempés dans le venin de
l'hydre. Pendant le voyage de la flotte jusqu'à Troie, Philoctète a été
mordu par un serpent lors d'une escale sur l'île de Lemnos, et l'armée
l'y a abandonné sur les conseils d'Ulysse. A présent, Ulysse
revient à Lemnos, accompagné de Néoptolème. Tous deux espèrent bien
convaincre Philoctète de venir combattre à Troie. Mais Ulysse n'aura pas
trop de toute sa ruse pour attirer Philoctète, qui l'a pris en haine
comme responsable de son abandon dix ans auparavant...
La Prise de Troie
La Prise de Troie fait partie des poèmes perdus du cycle
troyen, mais le sac de la ville est racontée par le Troyen Enée au
chant II de
l'Enéide de Virgile (voir plus loin). Des épisodes
de cette partie de la guerre sont évoqués dans plusieurs
tragédies :
Euripide - "Hécube" (trouvable dans toutes les éditions des
oeuvres d'Euripide) - Troie est tombée après dix ans de siège. Les
Achéens triomphent et entassent sur leurs navires leur butin et les
Troyens devenus
esclaves. Mais au moment où ils s'apprêtent à reprendre la mer et à
rentrer chez eux, le fantôme d'Achille leur apparaît
et réclame, en récompense de ses anciennes prouesses, la vie de
Polyxène, l'une des captives troyennes, fille du roi Priam
et de la reine Hécube. Priam est mort pendant le sac de la ville,
mais Hécube a survécu et figure au nombre des prisonniers. Tandis
qu'elle tente de sauver Polyxène, la plus jeune de ses filles, elle
espère encore qu'au moins son plus jeune fils, Polydoros, qu'elle a
confié au roi de Thrace Polymestor, est à l'abri loin du désastre
qui s'est abattu sur Troie. Mais Polymestor, apprenant la chute de
la ville, a tué Polydoros et a jeté son cadavre à la mer. Lorsque
Hécube, venue enterrer Polyxène, découvre sur la plage de Troie le corps
de Polydoros, elle puise dans son malheur la force de préparer son
ultime vengeance...
Euripide - "Les Troyennes" (trouvable dans les éditions des
oeuvres
d'Euripide) - Les Troyennes, ce sont les survivantes de Troie,
privées de leurs maris massacrés pendant le sac de la ville, et vouées à
l'esclavage. Au milieu d'elles, la reine Hécube, dont la guerre a tué
les
cinquante fils et privé de liberté ses cinquante filles ;
Andromaque, veuve d'Hector, dont le fils Astyanax est tué encore
enfant pour ne pas devenir plus tard le vengeur de son père et de sa
ville ; Hélène, butin de Ménélas, qui la verrait bien morte pour prix de
tous les massacres dont elle a été la cause. Et pendant que les Achéens
livrent Troie au feu de l'incendie et embarquent les Troyennes sur les
navires, les dieux les regardent d'un oeil sombre et réservent aux
vainqueurs des retours bien funestes.
Les Retours
Les Retours (Nostoi) narrent le retour chez eux des héros de la
guerre de Troie. La plupart finissent très mal...
Agamemnon
Le retour d'Agamemnon est sans doute le pire de tous, puisque Agamemnon
est victime de la malédiction pesant sur sa famille, les Atrides. Son
fils Oreste parviendra finalement à y mettre fin, mais reste à lire à
quel prix...
Cet
épisode est connu essentiellement par la trilogie tragique d'Eschyle,
l'Orestie :
1. Agamemnon
2. Les Choéphores
3. Les Euménides
(disponibles dans toutes les éditions des tragédies
d'Eschyle)
D'autres versions de l'histoire d'Oreste et d'Electre, enfants et
vengeurs d'Agamemnon, se trouvent dans l'Electre de Sophocle et
dans
l'Electre d'Euripide.
+ Euripide - "Iphigénie en Tauride" (trouvable dans toutes les
éditions des oeuvres d'Euripide) - Cette aventure
prend place pendant l'exil d'Oreste et de son ami Pylade, avant
son retour à Argos et les événements des "Choéphores". Oreste et
Pylade, échoués sur une plage de la lointaine Tauride, découvrent
que la soeur d'Oreste, Iphigénie, n'est pas morte à Aulis : enlevée par
la déesse
Artémis, elle est devenue prêtresse parmi les barbares, et préside à
des sacrifices humains... Oreste et Pylade pourront-ils s'échapper
avec leur soeur avant que celle-ci ne soit contrainte de les offrir
en sacrifice ?
Ulysse
Homère, "Odyssée" (disponible à peu près partout) - le
plus
fameux des Retours, raconte le long voyage d'Ulysse pour revenir sur
son île, Ithaque, et reconquérir son trône et son épouse.
Ménélas
Aucune oeuvre indépendante connue n'est consacrée au retour de
Ménélas, mais celui-ci apparaît dans l'Odyssée.
+ Euripide - "Hélène" (trouvable dans toutes les éditions des
oeuvres d'Euripide) - Ménélas apparaît aussi dans cette étrange
pièce d'Euripide. On y découvre Hélène, non pas à Troie, ni à
Sparte, mais en Egypte... où elle a résidé, Pâris non inclu, pendant
toute la guerre ! Mais alors, quelle était cette Hélène pour qui
tant de héros ont succombé à Troie ?
Les suites de la guerre
Euripide - "Andromaque" (trouvable dans toutes les éditions
des
oeuvres d'Euripide) - Emmenée par les Achéens vainqueurs avec les
autres
Troyennes après la chute de la ville, Andromaque, veuve d'Hector, a
été donnée comme esclave à Néoptolème, fils d'Achille (l'autre nom de
Néoptolème
est Pyrrhos, d'où le Pyrrhus de Racine). Celui-ci, en récompense
de ses exploits, a surtout obtenu la main d'Hermione, fille du roi
Ménélas et ancienne fiancée d'Oreste, le fils maudit d'Agamemnon.
Mais de retour dans son royaume natal de Phthie, Néoptolème délaisse
Hermione, séduit qu'il est par Andromaque, à laquelle il donne un
fils, Molossos. Un jour, Néoptolème part à Delphes rendre honneur à
Apollon, qu'il avait imprudemment accusé d'avoir provoqué la mort de
son père. Survient alors Ménélas, plein de rage contre Andromaque,
suivi de près par Oreste, bien décidé à reprendre ses droits sur
Hermione. Tout fils d'Achille qu'il est, Néoptolème s'est peut-être
fait un peu trop d'ennemis...
La fin de l'âge héroïque
La fin de l'âge des héros coïncidait pour les Grecs avec le retour
dans le Péloponnèse des enfants d'Héraclès, les Héraclides. Ce
retour ne se faisait qu'après plusieurs tentatives infructueuses,
sur plusieurs générations.
Euripide - "Les Héraclides" (disponible dans les
éditions des oeuvres d'Euripide) - L'intrigue de cette pièce
prend place quelques années après la mort d'Héraclès. Ses enfants,
chassés d'Argos par Eurysthée, l'éternel ennemi d'Héraclès, errent
dans toute la Grèce en quête d'une cité qui veuille bien leur donner
asile. Mais aucune ne les héberge durablement, car toutes les cités
redoutent la puissance d'Argos. Menés par Alcmène, la mère du héros,
et par Iolaos, son ancien et fidèle compagnon d'armes, les
Héraclides se réfugient finalement à Athènes, auprès du roi
Démophon, fils de Thésée. Mais Eurysthée n'a pas dit son dernier
mot. Après les avoir menacés par la bouche de son héraut Copreus, il
marche contre Athènes, à la tête de l'armée argienne. Hyllos, Héraclide
valeureux mais encore jeune, et Iolaos, qui n'est plus dans
la force de l'âge, sauront-ils sauver les enfants d'Héraclès
et vaincre enfin Eurysthée, qui a tant tourmenté leur père ?
Seconde Fondation
Virgile - "L'Enéide" (facilement trouvable en traduction seule
en
éditions
de poche) - d'accord, ce n'est plus tout à fait grec, puisque
Virgile écrit en latin et utilise les noms latins des dieux de
l'Olympe. Mais l'Enéide est vraiment la "sequel" idéale des épopées
d'Homère. Jugez plutôt : Enée, seul prince
troyen ayant survécu à la
guerre, fils d'Aphrodite/Vénus et du mortel Anchise, quitte les ruines
fumantes de sa ville et part sur les mers
en compagnie des rescapés de son peuple, à la recherche d'un endroit
favorable où fonder une nouvelle Troie. Après un voyage digne de
l'Odyssée, il accoste finalement en Italie, où le roi Latinus
l'accueille et est tout disposé à lui accorder la main de sa fille
Lavinia. Mais Enée et ses compagnons devront encore affronter
l'hostilité de Turnus, chef des Rutules, excitée par la
jalouse Héra/Junon, avant de pouvoir s'établir dans le Latium et d'y
fonder une nouvelle ville, Lavinium. Son
fils, Ascagne, fondera Albe la Longue. Mais déjà, dans l'avenir, se
laissent entrevoir les lointains descendants d'Enée, Romulus et
Rémus, fondateurs de la véritable nouvelle Troie : Rome ! - L'épopée
se termine un peu abruptement et bien avant la fondation de Rome, mais
celle-ci est
annoncée par les prophéties d'Anchise. Au cours de
son odyssée, Enée aborde même à Carthage, où son amour malheureux avec
la reine Didon explique, quelques siècles à l'avance, la rivalité à
venir entre Rome et Carthage...
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