 |
 |
 |
|
|
|
Déjà dans l'Antiquité, le jaune et le violet étaient considérés comme des couleurs de bon goût pour les soirées. A Pompéi, le riche Romain propriétaire de la Villa des Mystères a même décoré sa salle à manger d'une fresque représentant Bacchus, le dieu du vin, et ses copines les Bacchantes vêtues de jaune et violet.
On sait bien que dans le monde antique les femmes n'avaient pas le droit d'assister aux matches de foot - pardon, aux Jeux Olympiques, et aux combats de gladiateurs à Rome. D'où viennent donc les pompoms ? Cette fresque semble nous donner la réponse : elles se faisaient appeler "Bacchantes" et mettaient l'ambiance dans les soirées (sans doute en encourageant le relais pastis).
Voyez la figure de droite : elle semble tenir un pompon dans la main...
Au Moyen-Âge, le jaune et le violet sont clairement utilisés comme couleurs festives, invitant -- déjà! -- à la musique et à la danse :
 |
 |
Ce choix de vie peut avoir des conséquences dramatiques. Cette enluminure, qui retrace l'assassinat de Boccace, s'éclaire d'un jour nouveau quand on remarque que le chevalier porte un justeaucorps jaune, et que la malheureuse dame était toute de violet vêtue :
 |
Cristofano Allori, 1577-1621, peintre florentin, eut en 1613 le bon goût de choisir une pompom pour poser comme modèle pour sa Judith tenant la tête d'Holopherne. Si, si, les détails ne trompent pas : voyez le jaune et le violet dans la tenue, et puis surtout la façon de tenir la tête d'Holopherne comme un pompon... La tradition des pompoms s'était donc maintenue depuis l'Antiquité.
 |
Lorsque le peintre Begas (non, ce n'est pas une faute de frappe) peint sa famille en 1821, les deux jeunes soeurs ont mis leurs plus beaux habits. Surprise : il semblerait que la secte des pompoms en jaune et violet se soit exportée dans l'Allemagne du XIXe !
L'art des pionniers est célébré comme le fondement d'une culture américaine, au carrefour entre les héritages européens et la recherche d'une expression artistique nouvelle. Avec leurs humbles moyens, ces hommes et ces femmes du XIXe conservent intactes certaines traditions, comme le montre ce quilt aux délicates nuances jaunes et violettes :
À la fin du XIXe siècle, l'impressionnisme lance une révolution dans la peinture, qui se poursuit par le pointillisme, le fauvisme, le cubisme, et plein de «-isme» qu'on adore maintenant mais qui choquaient beaucoup. Révolution, mais est-ce l'abandon de toutes les traditions? Non! Signac reste fidèle au bon goût qui se maintient à travers les siècles, et entrevoit, dans ces «Femmes au puits», ce qui sera La Tenue Des Pompoms : jupe violette et haut jaune.
La «femme au manteau violet» de Matisse s'en réclame également : quelle couleur peut, mieux que le jaune des fleurs, d'un pendentif, d'un coussin, d'un citron, mettre en valeur le sublime violet?
 |
 |
Bien plus tard, nous retrouvons une trace des pompoms dans la culture pop, avec cette photo (d)étonnante, qui lie enfin les pompoms aux sports, et introduit magistralement la diversité sexuelle chez les pompoms, tout en reaffirmant son origine ancienne par le port de la jupe longue. Remarquons également la réaffirmation violente du choix du jaune et du violet, symbole de bon goût.
Nous continuons notre enquête. Vous aussi, traquez les pompoms à travers les siècles, jusqu'à l'apothéose à l'ENS Ulm !
NDLR : Aucune image de cette page n'a vu ses couleurs retouchées.